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La nouvelle loi insiste sur la prise en compte de la dimension genre dans la constitution des listes conformément à l’article 14 de la loi fondamentale.

Cette clause préconise la parité ou la représentation égalitaire des hommes et des femmes dans les instances de prise des décisions. Reprise d’une vieille rengaine creuse et relance d’un coup de charme plutôt trompeur et distrayant à la veille de l’année électorale 2023. Certains partis politiques ne valorisent pas les femmes et ne peuvent pas accepter des sacrifices financiers pour elles. Les coutumes rétrogrades continuent à freiner l’émancipation des dames dans des sociétés phallocratiques.

le président de la Rdc, Félix Tshisekedi, promulgue, en juillet, la loi électorale n° 22/029 du 29 juin 2022. Ce texte juridique prétend apporter neuf innovations dont la prise en compte de la dimension genre dans la composition des listes conformément à l’article 14 de la constitution. Cette clause dite de la parité préconise la représentation équitable des hommes et des femmes au sein des institutions.

Une vielle rengaine reprise en choeur

La directrice de l’Observatoire de la parité et de l’égalité H/F, Espérance Mawanzo, affirme que son association observe toujours le processus du processus électoral et se concentre sur l’implication de la femme congolaise en tant qu’électrice et candidate. Elle lit et relit un passage l’article 13 de la nouvelle  loi : « La liste qui aligne 50% au minimum de femmes dans une circonscription est exemptée du paiement du cautionnement ».

D’après Mawanzo, ce nouvel alinéa ne prévoit toujours pas de sanction et introduit une mesure incitative. Des questions continuent cependant à se poser sur son efficacité d’augmenter la participation politique de la femme. L’alinéa 4 de l’ancienne loi ne prévoyait aussi aucune sanction et était davantage discriminatoire: « La non réalisation de la parité homme – femme ou non la non présence d’une personne vivant avec handicap ne constitue pas un motif d’irrecevabilité de la liste concernée»

Partis politiques et coutumes rétrogrades

Le professeur Arnold Nyaluma de l’Université catholique de Bukavu (Ucb), n’y va pas par quatre chemins et se veut pragmatique. «L’idéal serait d’imposer une liste paritaire, qui rejetterait toute celle ne contenant que les hommes. A la limite, il faudrait imposer un quota et mettre au point des mesures incitatives provisoires, c’est-à-dire des sièges pour lesquels ne peuvent entrer en compétition que les femmes». D’après lui, certains partis politiques ne valorisent pas les femmes et ne peuvent pas accepter des sacrifices financiers pour elles. Comme toujours, peu de dames seront élues en 2023.

La vice-présidente du bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu, Me Néné Bintu, fait observer que les coutumes rétrogrades sont à la base de la non-participation des dames dans les instances des décisions. Elle invite la femme à ne pas se laisser faire et à présenter sa candidature aux élections de 2023. « La femme possède les atouts majeurs pour se présenter en candidate, elle a juste besoin de soutien de la part des détenteurs du pouvoir » insiste-t-elle. Me Bintu promet que la société civile va mener des plaidoyers sur les innovations de la nouvelle loi électorale, surtout celles ayant trait à la cause de la femme.

Loïc Mambo

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