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On a voté en Rd Congo. Un vote que d’aucuns voyaient rater. Toute la presse, qui s’évertue à jouer au prophète ou encore aux mages, ne s’offusquait aucunement à présager l’apocalypse. Mais c’était sans compter avec la détermination du peuple congolais à voir une alternance au sommet de l’Etat sans effusion de sang et sans trouble au pays. C’était d’ailleurs la promesse longtemps entendue de la bouche des collaborateurs de Joseph Kabila et de leur patron lui-même. « Kabila est un homme de parole », on aura, pour la première fois, une passation civilisée de pouvoir en Rd Congo ! » nous avait habitué l’inamovible porteparole des gouvernements congolais, Lambert Mende, sous l’ère de Joseph Kabila. Celui-ci également avait plusieurs fois affirmé que la parole du Chef de l’Etat était celle parole d’un officier, un engagement qui doit impérativement être respecté. Mais nul ne l’avait cru. Il était, en effet, difficile de croire à des paroles aussi belles à entendre de l’oreille des Congolais.

Sachant la corruption du pouvoir et des hommes qui ont entouré Joseph Kabila pendant plus de sept ans de règne, les Congolais ne pouvaient pas s’attendre à pareil revirement positif. Des charognards, des rapaces, des gerfauts et autres prédateurs du régime Mobutu ne nous avaient pas habitué à la bonne gouvernance et à l’abandon de pouvoir sans y être forcé. Des gens qui ont fui le pays avec le départ intempestif du Maréchal Mobutu et qui sont revenus au pays sur la pointe des pieds. Et comme par magie, ils se sont retrouvés dans les premiers cercles de Kabila, l’occultant même au point de le rendre un président plaintif, incapable de sanctionner un seul individu de son entourage. Jusqu’à déclarer un jour, innocemment, qu’il déclara manquer quinze hommes pour redresser le pays. Un aveu d’impuissance pour un chef de l’Etat avec plus de soixante-dix millions de personnes ainsi implicitement dénigrées. Tout cela à cause de ces politiciens accrochés à un individu au sommet de l’Etat. Mais du doux est sorti le fort. Joseph Kabila n’a jamais été aussi fort que durant les derniers mois de son règne. Deux éléments contribuent largement à l’ascension de ce président aussi penaud que taciturne que la Rd Congo a connu. C’est premièrement, sa ferme décision de réviser le Code minier, un texte vieux de plus de cent ans, conclu dans des conditions floues et qui négligeait carrément le peuple congolais. Il entre en vigueur ce mois de janvier 2019. Une stratégie qui couvre Joseph Kabila, car il ne sera plus au pouvoir, mais il aura jeté un véritable pavé dans la mare avec cette révision impromptue. Il ne sera donc point le président qui l’aura appliqué. Un « Code minier » de la noblesse parce qu’il remet au Congolais toute sa dignité et tous les pouvoirs sur les richesses dont regorge le sol et le sous-sol de son pays. Et le président entrant se défendra d’avoir trouvé ce « Code minier » et de ne faire que l’appliquer. En second lieu, son départ, volontaire ou forcé du pouvoir. D’aucuns ne pouvaient s’imaginer

Joseph Kabila partir sans effusion de sang et qui plus est laisser pacifiquement le pouvoir au profit de quelqu’un d’autre. Ces deux aspects font de Joseph Kabila un « Homme providentiel » pour l’Afrique centrale et australe où l’on voit des présidents qui s’arcboutent et s’accrochent mordicus au pouvoir sans penser à leur succession. Les exemples du genre sont vécus en Ouganda avec Yoweri Kaguta Museveni qui est allé jusqu’à modifier sa date de naissance. Une supercherie éhontée à la tête de l’Etat pour le maintien d’un homme au pouvoir. Ou encore Paul Kagame qui sans coup férir s’est arrogé le droit de gouverner le pays de mille collines pendant encore une trentaine d’années à l’issue d’un simulacre de parodie de referendum populaire. Et que dire de Denis Sassou Ngwessou de la République du Congo, d’Idriss Deby Itno du Tchad ? Ce geste de Joseph Kabila inscrit la Rd Congo en lettres d’or dans les annales des pays africains qui respectent la démocratie et surtout l’alternance pacifique et civilisée à la tête de l’Etat. La Rd Congo a donc réussi un nouveau pari auquel on s’attendait le moins. Un président de quarante-sept ans a refusé de se laisser amadoué et trompé par des propos de son entourage qui s’est évertué et époumoné à démontrer, par des théories sociales et politiques, que le jeune chef de l’Etat était encore éligible ou encore que rien ne lui empêchait de briguer un troisième mandat à la magistrature suprême de la Rd Congo : inanition de l’Etat, élection à deux tours, élection à un tour avec chaque fois un mandat de cinq ans, il faut un second mandat de ces deux types d’élection, etc. Rien n’a charmé Joseph Kabila. Il savait que cet entourage l’envoyait au suicide collectif. Il ne fallait pas laisser les flatteurs vivre à ses dépens… Il leur a tourné le dos ! Ce qui amène à conclure que Joseph Kabila sortira par la grande porte !

La Rédaction

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