
La ville de Bukavu traverse une crise économique marquée par une instabilité inquiétante du taux de change entre le franc congolais et le dollar américain.
Depuis la prise de contrôle de la ville et de ses périphéries par les autorités de l’Afc/M23, les activités économiques sont fortement perturbées
Aujourd’hui, difficile de savoir combien vaut réellement un dollar américain à Bukavu. Le taux varie considérablement : 2 800, 2 850, 3 000 voire 3 500 francs congolais selon les lieux, marchés, écoles ou encore bureaux de change. Cette fluctuation rend la vie quotidienne des habitants de plus en plus difficile.
« Je pense que le taux de change est fixé selon l’humeur de celui qui donne la monnaie. Il suffit qu’un grand commerçant annonce 3 300 francs pour un dollar, et tout le monde s’aligne sans discuter », témoigne un habitant sous couvert d’anonymat.
Du côté du marché de Nguba, un commerçant pointe la fermeture des banques et des aéroports de Goma et de Kavumu, ordonnée par les autorités de l’Afc-M23, comme principal facteur de la paralysie des échanges monétaires. « Sans accès aux banques, les transactions sont au ralenti, et l’approvisionnement en devise devient presque impossible », explique-t-il.
Les cambistes installés à Nyawera, eux, font face à une pénurie de liquidités. Ils affirment acheter les dollars à des prix élevés, tout en notant une raréfaction du franc congolais sur le marché. Contrairement à ce que pensent de nombreux habitants, ils assurent que cette situation ne leur est pas favorable.
Cette instabilité a des conséquences directes sur les prix des produits de première nécessité, faisant exploser le coût de la vie. Les ménages à faibles revenus peinent à boucler leurs fins de mois.
L’économiste Laurent Biribindi alerte : l’absence d’une autorité de régulation efficace dans le secteur monétaire est à l’origine du déséquilibre des taux de change. Selon lui, les variations dépendent essentiellement de la disponibilité de liquidités chez les « bradaires », ces petits changeurs de rue qui font la pluie et le beau temps sur le marché informel.
Dans ce climat d’incertitude, un appel est lancé aux autorités de l’Afc/M23 pour stabiliser le marché monétaire et soulager les familles les plus vulnérables, déjà fortement impactées par les conflits armés dans l’est de la Rdc.
Lamberte Wakenge
