Violences basées sur le genre : une crise persistante au Sud-Kivu

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La province du Sud-Kivu, dans l’est de la République Démocratique du Congo (Rdc), continue de faire face à une crise grave de violences basées sur le genre (Vbg), exacerbée par des décennies de conflits armés. Dans cette région où l’instabilité reste endémique, les femmes, les filles, mais aussi de plus en plus d’hommes, sont victimes de violences sexuelles et de discriminations, créant des séquelles profondes tant sur le plan social qu’économique.

Les violences sexuelles et autres basées sur le genre, sont devenues une arme de guerre à part entière dans cette région du pays. L’association des femmes de médias AFEM vient de documenter plus de 40 cas alarmants de violences sexuelles et basées sur le genre à l’égard des femmes et des filles en territoires de Kalehe, Walungu et Mwenga.
Et ce,  depuis janvier à novembre 2024.

L’AFEM donne ces statistiques traumatisantes  dans le point de presse tenu à son siège  sur l’avenue du gouverneur dans la commune d’Ibanda. 4 mineures ont été violées. Un mari a tué sa femme. 5 femmes accusées de sorcellerie  ont été tuées. C’est notamment à Luwhindja dans le territoire de Mwenga  ainsi que dans les territoires de Walungu et de Kalehe. La chargée  des programmes au sein de l’AFEM, Nelly Adija indique que des cas de viols, de violences sexuelles, d’agressions sexuelles, des violences physiques, violences domestiques, et des pratiques néfastes ont été documentés.

L’on ajoute que les groupes armés, qu’ils soient locaux ou étrangers, n’hésitent pas à recourir au viol comme un moyen de soumettre et de terroriser les populations civiles. Selon plusieurs ong locales et internationales, ces violences  sont souvent utilisées pour détruire les communautés, déstabiliser les familles et renforcer le contrôle sur des territoires stratégiques. Malheureusement, ces violences ne se limitent pas aux violences physiques. Elles ont un impact dévastateur sur la santé des victimes, tant au niveau physique que psychologique. De nombreuses femmes victimes de viols se retrouvent confrontées à des infections, des traumatismes permanents, et parfois même des grossesses non désirées. Le manque de structures sanitaires adaptées complique encore leur prise en charge dans certains coins de la province.

A cela s’ajoute la recrudescence des violences conjugales en province du Sud Kivu qui a été décriée dans un rapport d’Association des femmes des médias, d’AFEM, qui a confirmé qu’en 2 ans 10 femmes ont été tué par leurs époux suite aux violences conjugales et pour le seul trimestre de juillet à septembre 2024, 97 cas des violences sous toutes formes confondues ont été enregistré.

Une impunité généralisée

L’impunité règne, et les victimes se retrouvent parfois dans l’incapacité de dénoncer leurs agresseurs, de peur de représailles ou par manque de moyens financiers pour accéder à une justice équitable.

Cette situation contribue à la perpétuation des violences sexuelles et autres basées sur le genre, un cercle vicieux difficile à briser. Les victimes sont non seulement confrontées à des blessures physiques, mais elles subissent également de lourdes conséquences sociales. En raison de la stigmatisation, beaucoup d’entre elles sont rejetées par leur communauté, exacerbant ainsi leur souffrance et leur isolement.

Des réponses insuffisantes face à l’ampleur du phénomène

Face à cette situation alarmante, plusieurs organisations humanitaires et de défense des droits humains, à l’occurrence Le Souverain Libre, œuvrent pour apporter une réponse à la crise. En partenariat avec d’autres structures, des programmes de soutien psychologique, des soins médicaux, de prise en charge juridique, ainsi que des actions de sensibilisation et de prévention des violences basées sur le genre ont été lancés. Cependant, ces initiatives restent limitées par des ressources insuffisantes et un accès difficile dans certaines zones reculées.

Les autorités congolaises et les acteurs internationaux continuent de travailler sur des stratégies visant à renforcer la lutte contre les VBG, mais le manque de coordination et de moyens complique la mise en œuvre de solutions pérennes. La société civile, quant à elle, insiste sur l’importance d’inclure davantage les femmes dans les processus de décision politique et de paix, en soulignant que leur voix est essentielle pour mettre fin à ces violences systématique.

La nécessité de solutions durables

Si certaines initiatives commencent à porter leurs fruits, telles que des programmes de réintégration des survivantes dans la société, la situation reste globalement critique. Une véritable solution passe par la mise en place de mécanismes de justice fonctionnels, la protection des droits des femmes, et des politiques de prévention des violences, en parallèle à la fin du conflit dans la région.

Le Sud-Kivu, région marquée par des décennies de souffrance, a besoin d’une attention internationale renforcée pour surmonter ce fléau. L’éradication des violences basées sur le genre dans cette région nécessite une approche globale, combinant justice, soutien aux victimes et efforts de réconciliation communautaire.

Christian Kika

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