Sud-Kivu : en jetant des immondices dans les caniveaux et dans les lacs, les habitants de Bukavu optent de vivre sans électricité

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Habitée par une population estimée à plus d’un million, le chef-lieu de la province du Sud-Kivu, Bukavu manque d’électricité. La plus grande partie de la population est dans le noir. Il est difficile de passer une journée sans qu’une coupure ne soit signalée.

La ville de Bukavu est approvisionnée en électricité par les centrales hydroélectriques de Ruzizi 1 et 2. Vieille de 70 ans, la centrale Ruzizi 1 comprend 4 groupes turbo-alternateurs d’une capacité de 29,8 mégawatts, Mw, dont deux groupes de 6,3 mw et deux autres 8,6 mw chacun. Actuellement, la puissance disponible est de 18 mw. Pour Ruzizi 2, elle produit 27 mw réparties aux 3 pays en raison de 9 par pays.

Elle joue un rôle crucial dans la production d’électricité pour les régions environnantes, utilisant l’énergie cinétique de l’eau courante pour générer une énergie propre et durable. Cependant, la présence de déchets entrave son fonctionnement. Les débris obstruent les prises d’eau, réduisant le flux nécessaire pour faire tourner les turbines efficacement. De plus, ils endommagent les équipements et réduisent la capacité de production d’énergie.

Pour David Kurhengamuzimu, expert en électricité, la société nationale d’électricité, snel, utilise des manoeuvres pour maintenir la centrale en activité.

Les techniciens de la snel nettoient régulièrement la centrale. Pour y parvenir, ils baissent la production, pour que les saletés puissent être facilement enlevées. Pendant ce temps, la ville doit être dans le noir, signale notre source. Il interpelle la population d’éviter de jeter les déchets dans les caniveaux, qui ensuite se déversent dans le lac. Cette façon de faire préjudicie la centrale dans la production de l’énergie, mais aussi la population se trouve lésée dans la fourniture en électricité. Selon notre source, si les habitants environnants le lac ne s’interdisent pas de jeter des immondices dans le lac, cette centrale pourra un jour s’arrêter.

Pour lui, la gestion des déchets est donc essentielle pour maintenir l’efficacité et la durabilité des centrales hydroélectriques de Ruzizi.

Il ajoute aussi que des mesures préventives, telles que des grilles pour intercepter les déchets avant qu’ils n’atteignent les turbines, et des politiques de gestion des déchets rigoureuses dans les zones en amont, sont cruciales pour protéger ces infrastructures vitales. En outre, des initiatives de nettoyage régulières et des campagnes de sensibilisation peuvent contribuer à réduire l’accumulation de déchets et à préserver la fonctionnalité des centrales hydroélectriques comme celle de la Ruzizi.

Madame Matisho, vendeuse des poissons frais au petit marché de quartier Latin, revient sur la problématique de la coupure régulière de l’électricité. Selon elle, Ces interruptions provoquent des conséquences profondes sur la vie quotidienne des populations, l’économie locale et même la sécurité des citoyens.

Par exemple ici chez nous au Quartier latin, quand il n’y a pas d’électricité, des incursions des voleurs à mains à armées se font signaler ça et là.  Ces coupures ont aussi un impact direct sur les activités commerciales. Nous faisons garder nos poissons dans la chambre froide ou le frigo. Lorsque l’électricité est coupée souvent nos marchandises sont complétement endommagées, a-t-elle témoigné.

Pour relever ces défis, le gouvernement est appelé à identifier et matérialiser plusieurs projets clés, notamment la construction des microcentrales électriques, la réhabilitation des centrales hydroélectriques existantes, encourager les secteurs privés à investir dans le secteur d’électricité, bref, à investir dans des initiatives visant à augmenter la puissance disponible et à améliorer l’accès à l’électricité pour les habitants de Sud-Kivu.

Cependant, la mise en œuvre de ces projets se heurte à des obstacles tels que le financement insuffisant, les retards dans la construction et la réhabilitation, et les défis logistiques liés à l’instabilité de certaines zones de la province.

De plus, il existe un besoin urgent d’améliorer la gouvernance et la régulation du secteur, notamment par la mise en place, au Sud-Kivu,  de l’Autorité de régulation de l’électricité, Are et de l’agence nationale de service d’électrification en milieux Rural et périurbain, Anser, pour assurer une distribution équitable et efficace de l’énergie.

Pour atteindre les objectifs de développement du secteur énergétique, il est essentiel que la province du Sud-Kivu, avec le soutien du gouvernement central, des partenaires locaux et internationaux, surmonte ces défis. Cela nécessitera une approche coordonnée qui inclut l’investissement dans les infrastructures, l’amélioration de la régulation, et l’engagement des communautés locales dans la gestion des ressources énergétiques. Avec ces efforts, il est possible d’espérer un avenir où l’accès à l’électricité sera grandement amélioré, contribuant ainsi au développement économique et social de la province du Sud-Kivu.

Christian Kika

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