Alors que les chercheurs d’ailleurs s’activent et innovent pour faire face à la pandémie, la ville de Bukavu note silencieusement la recrudescence des cas de décès dont les causes seraient similaires à ceux de la covid-19. Une bonne frange de la population se perd en conjectures sur ces nombreuses morts et enterrent impuissamment les siens. Il est temps d’innover..
L’innovation est celle qui pourrait connaître un succès planétaire en ces temps de pandémie. Le groupe Serge Ferrari vient de mettre au point une membrane composite à base de particules d’argent qui détruit la covid-19. Ce groupe est situé à Saint-Jean-de-Soudain, Isère, en France. Cette toile pourrait limiter considérablement la propagation du virus dans des lieux très fréquentés comme les transports et les centres commerciaux. Elle est applicable sur de multiples objets et surfaces. « Les résultats de cette étude attestent que 95 % du coronavirus présent sur la membrane aux particules d’argent est détruit au bout d’un quart d’heure. Et près de 99,5 % après une heure de contact », indique le magazine français « Le Parisien ».
Le groupe Serge Ferrari a déjà une réputation mondiale. Il développe et fabrique des toiles composites pour l’architecture, avec un chiffre d’affaires de 189 millions d’euros et 830 employés.. « Nos membranes peuvent donc permettre de sécuriser des surfaces se trouvant dans des lieux de forte fréquentation comme des centres commerciaux, des hôpitaux, des écoles, des crèches, les sièges voyageurs des transports en commun, les barres d’appui dans le métro. On peut les appliquer aussi sur les poignées de porte, les rampes d’escalier, des tables », explique Sébastien Baril, directeur marketing chez Serge Ferrari.
L’UOB n’avait-elle pas inventé localement un respirateur artificiel ?
La nécessité crée l’industrie. Certains étudiants de la faculté de médecine de l’Université officielle de Bukavu (Uob) fabriquent, mai 2020, un respirateur artificiel pour contribuer à la lutte contre le coronavirus au Sud Kivu. Le recteur de cet alma mater, le professeur Berchmans Muhigwa, présente le prototype au gouverneur de province, Théo Ngwabidje.
« Ce simple appareil est capable de contrôler la respiration, l’expiration du malade. Il désinfecte l’air avant de le relâcher dans la nature», explique cette autorité académique qui sollicite l’appui du gouvernement en vue d’une fabrication en grand nombre.
Une promesse faite verbalement mais jamais conclue !
Le recteur Muhigwa espère voir l’Exécutif provincial assister en toute urgence l’atelier de son institution. Selon lui, cet appui devrait aider à soutenir la certification de l’appareil et à obtenir des fonds auprès du Fonds pour la Promotion de l’Industrie (Fpi).
Le gouverneur Théo Ngwabidje Kasi salue cette ingéniosité locale mais la concrétisation de la promesse ne suit ou tarde à suivre. « Au nom du gouvernement provincial, nous allons soutenir cette initiative. Nous n’avons pas besoin de recourir ailleurs, nous avons des solutions locales pour lutter contre la Covid-19. Vous avez notre soutien. Bien plus, nous allons même mener des plaidoyers auprès de nos partenaires pour que demain nous ayons ces machines en grand nombre », promet-il.
L’Uob est parmi les premières institutions d’enseignement supérieur et universitaire en RDC, à lancer l’idée de la fabrication locale de masques de protection et du gel hydro alcoolique.
Aucun écho à Kinshasa depuis l’invention d’un ‘’safe gate’’
A Kinshasa, un petit tunnel appelé ‘’safe gate’’ avait été inventé afin d’être placé à l’entrée des bâtiments publics. Au passage de ce tunnel, le sujet est automatiquement désinfecté. Créé par un groupe des jeunes, « cette technologie s’ajoute aux autres mécanismes de lutte contre la pandémie de la Covid-19 en République Démocratique du Congo » indique Giovanni Bul’Ang Sume, coordinateur du groupe des inventeurs ‘’safe gate’’ en RDC.
Cet instrument avait été aussi présenté au gouverneur de la ville de Kinshasa, déjà le 21 avril. L’autorité provinciale avait aussi promis un appui pour une importante reproduction de cette invention. Selon certains Kinois, cette initiative a été étouffée dans l’œuf car dès lors, aucun écho n’est ressorti pour concrétiser la promesse faite par Gentiny Ngobila.
Cette cabine n’exclut pas des gestes barrières contre la propagation de coronavirus. Il se présente comme un complément qui renforce la riposte à la pandémie qui a déjà causé plusieurs décès en RDC. Dès lors, aucun écho sur sa reproduction, le seul endroit dont il est visible étant la présidence de la république.
Des chercheurs peuvent aider à riposter la pandémie
Des chercheurs scientifiques insistent sur la dimension sociale dans la riposte à la covid-19. « Intégrer ce paramètre sociologique dans la riposte contre la covid-19 est un impératif au stade actuel en Afrique », insiste le professeur Emery Mudinga.
Selon le directeur du centre Angaza œuvrant à l’Isdr Bukavu, les mythes, les perceptions négatives, la méfiance envers l’autorité, la suspicion des hôpitaux, déni de la maladie et la désinformation sont plus dangereuses. En tant que chercheur, Mudinga considère que tous les obstacles qui ont un impact sur le développement devraient être abordés aussi par une institution comme l’Isdr, notamment, d’autant plus que la question du covid-19 est un obstacle majeur pour l’économie globale.
D’aucuns se demandent à quoi servirait essentiellement l’affectation des fonds de la caisse sociale liés à la riposte. Une certaine opinion pense qu’une fois concrétisées, des promesses faites par les autorités face aux initiatives locales contre la pandémie, devaient réduire des cas de contamination de ce virus en RDC. Des génies il y en a au pays.
Egide Kitumaini