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La Regideso distribue ses factures dans la ville de Bukavu. Plusieurs de ces additions sont calculées de manière forfaitaire, la plupart des abonnés n’ayant pas des compteurs et certains agents de cette entreprise ne se donnant plus la peine de prendre de relevés. Cette

situation occasionne une surfacturation forfaitaire d’une certaine desserte carentielle. Plusieurs quartiers, notamment Nguba et Panzi, ne sont pas raccordés. Les habitants de l’extrême oriental de la ville consomment de l’eau salée parce qu’un compatriote a construit sur la conduite qui amène l’eau de l’usine de traitement de Murhundu. Dans les hauteurs de la commune de Kadutu, un autre monsieur a érigé un mur de soutènement sur la grosse canalisation qui fait descendre l’eau du mont Karhale. D’autres concitoyens aménagent leurs lieux d’aisance sur les réseaux d’approvisionnement en eau de Bukavu.

Les sociétés civiles et les mouvements citoyens se mettent en branle pour dénoncer la pénurie d’eau potable dans la contrée riveraine d’un lac et quadrillés de moult rivières et l’extorsion d’une population plutôt démunie. Ils feignent oublier l’incivisme de certains habitants

dans une ville sursaturée sur le plan démographique et urbanistique. Créée du temps colonial, la Regideso doit aujourd’hui servir plus d’un million de citadins qui construisent vaille que vaille à Bukavu qui n’est plus la ville jardin et la Suisse d’Afrique d’antan. Les jardins fleuris dans les larges cours des maisons d’habitation ainsi que les eucalyptus et cyprès bordant les rues ont disparu. Les parcelles sont devenues très exigües. Les constructions montent en hauteur pour compenser  l’étroitesse spatiale. Les bandes ou couloirs publics réservés aux câbles et tuyauteries de l’eau, de l’électricité et télécommunications sont spoliés. La liberté d’expression, qui vient d’être recouvrée, booste la Regideso à baisser la tension sociale et à s’adapter à la nouvelle donne. Cette entreprise vient de lever l’option de reconnecter tous les abonnés qui étaient déconnectés pour non paiement des factures. Ceux-ci devraient signer un acte d’engagement pour payer un certain surplus à la facture mensuelle pour régler progressivement les litiges.

La Regideso argue le manque des moyens financiers et précise même avoir besoin de 54 millions de dollars américains pour résoudre définitivement le problème d’eau au Sud-Kivu. Les sociétés civiles et les mouvements citoyens  sollicitent la volonté politique et le concours financier des pouvoirs publics, notamment le gouvernement central de Kinshasa et celui provincial de Bukavu. Cependant, ils se posent mille et une questions sur la politique d’amortissement et d’investissement de cette régie et tout autre entreprise étatique.

Autres temps autres espoirs, les habitants de la ville de Bukavu et ceux de la province du Sud-Kivu ne devraient pas continuer à souffrir de la soif et de l’insalubrité aux bords de lac Kivu ainsi que des rivières comme Ruzizi, Murhundu, Elila et autres. Ils peuvent espérer  que l’eau potable de la Regideso leur redonnera la vie et la santé.

 

Dieudonné Malekera

 

 

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