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Février 2019 à Bukavu est marqué non pas par la traditionnelle mi-session académique de passation des examens partiels et du repêchage des travaux de fin du cycle de graduat et de mémoires de licence de l’année écoulée. Les étudiants manifestent plutôt
pour réclamer la révision du taux de change des frais académiques et la remise de leurs diplômes académiques homologués par le ministère de l’Enseignement supérieur et universitaire depuis Kinshasa.

Les habitants riverains de la route menant vers le centre hospitalier du bureau diocésain des oeuvres médicales (Bdom) de l’archidiocèse catholique de Bukavu se réveillent, le 15 février, sous une vive tension. Les étudiants de l’Institut supérieur pédagogique (Isp – Bukavu) ont
placé très tôt le matin la carcasse d’un véhicule abimé, une voiture blanche, pour barricader l’entrée de l’établissement. Sur le portail
métallique et peint en rouge de l’accès, des papiers en bristol sont placardés et significatifs : ‘‘Revendication. Application stricte du
taux de 920 francs congolais le dollar pour toutes les tranches et pour tous les étudiants’’.Les étudiants chantent à tuetête et brulent des pneus dans la cour intérieure. ‘‘Mes collègues se révoltent après avoir suivi les informations dans les radios. Le ministre de l’Enseignement
supérieur et universitaire, Steve Mbikayi, vient de signer une circulaire.
Cette correspondance confirme que les frais académiques se paient au taux de change de 920 francs congolais pour un dollar et non de 1600 francs congolais le billet vert’’, explique leur porte-parole Benjamin Mihigo dans une fumée suffocante. Joint au téléphone, le secrétaire général académique de l’ISP renseigne que les autorités de l’ISP examinent la question dans une réunion qui dure toute une éternité. Aux lendemains de ces manifestations, le 18 février, le directeur général de l’Isp, le professeur Patrick Mzee Somora répond positivement. Une déclaration écrite est affichée aux valves principales : le taux du paiement des frais académiques est de 920 francs congolais le dollar.
De fil en aiguille, les étudiants de l’Institut supérieur des techniques appliquées (Ista Burhuza) barricadent la route nationale n°5 Bukavu
– Shabunda et perturbent la circulation au niveau de cette localité dans le territoire de Walungu. Ils manifestent non seulement pour
le taux de change des frais académiques mais aussi contre le retard mis dans l’obtention de leurs diplômes de graduat et de licence
homologués par le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire à partir de Kinshasa. Ce handicap ne permet pas aux
gradués et licenciés de trouver vite du travail, les employeurs doutant de relevés des cotes et autres attestations tenant lieu de leurs titres
académiques qu’ils détiennent. ‘‘Je suis graduée en marketing de l’Université du Cepromad de Bukavu depuis 2003 mais j’ai réceptionné
mon diplôme homologué en 2018, soit après 5 années’’, témoigne Aline Ngomora Sebahire, comptable à l’organisation non
gouvernementale Solidarité des femmes pour le développement intégral (Sofedi). Pour le recteur de cette université, ‘‘Les institutions académiques se conforment à ce qui se passe au niveau national. Pour pallier à se problème, nous livrons une attestation de réussite à titre compensatoire en attendant l’arrivée des diplômes’’, reconnaît le recteur de cette université, le le professeur Norbert Matwara, embarrassé.

Adolphine Mubake et Rachel Fadhili

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