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Fille des parents infirmiers, élève des pères jésuites du Collège Alfajiri, parlementaire au sein du Carrefour des enfants du Congo, licenciée en relations internationales de l’Université officielle de Bukavu, journaliste directrice de Mama Radio, dirigeante de l’Association des femmes des médias, épouse d’un avocat. Ce parcours forge le destin de l’initiatrice et directrice d’Uwezo Afrika Initiative. Elle vient de briser le tabou de l’hygiène menstruelle et accompagne les jeunes élèves. Portrait inédit de Douce Namwezi !

Siège d’Uwezo Afrika Initiative sur l’avenue de la résidence dans la commune d’Ibanda à Bukavu. Douce Namwezi clapote le clavier de son ordinateur. La directrice de cette association tient à finaliser les préparatifs du grand festival artistique qu’elle entend organiser en septembre ou octobre 2020 à l’Institut de Bagira à l’autre bout de la ville. Elle est aussi toute oreille et suit de loin les échanges houleux qui se passent dans la grande salle à l’entrée de l’office. Une douzaine des dames discutent du monitoring des violences basées sur le genre qu’elles viennent de répertorier dans les trois communes de la ville de Bukavu et le centre commercial de Kavumu en territoire rural de Kabare. Quatre demoiselles confectionnent des serviettes hygiéniques et des cache-nez dans un autre local de l’immeuble. Touchée par la situation sanitaire des femmes, Douce Namwezi abandonne le micro et la direction de Mama Radio en 2018. Elle effectue un saut dans l’inconnu et crée Uwezo Afrika

Initiative pour apporter une réponse concrète à l’hygiène menstruelle. Cette association fabrique des serviettes hygiéniques lavables et réutilisables, vendues à un prix très abordable voire distribuées gratis aux personnes vulnérables. Uwezo Afrika Initiative mène une enquête sur l’hygiène menstruelle qui reste un tabou dans les familles. Seulement 3 % des parents ont le temps d’échanger avec leurs enfants sur les questions de santé sexuelle. 89% des filles sont informées sur la gestion de l’hygiène menstruelle par des amies ou des condisciples de classe. 60% des filles ratent des cours parce que surprises par les menstrues à l’école. Douce Namwezi crée des clubs Maisha dans les écoles de trois communes de la ville de Bukavu. Des échanges sont tenus régulièrement sur la gestion du cycle menstruel et l’utilisation des serviettes hygiéniques dans le but de briser le tabou autour de la menstruation.

Les jeunes filles élèves en reçoivent chacune un paquet de la marque Maisha Pad fabriquée par Uwezo Afrika Initiative.

« Des milliers des femmes et filles de la province du Sud-Kivu recourent à des pratiques pas hygiéniques. Elles portent des morceaux des tissus. L’eau propre demeure par ailleurs une denrée rare dans la contrée. Le taux d’infections vaginales est élevé tel que le port des morceaux de tissus. Egalement, l’eau propre demeure une denrée rare dans la ville comme dans les territoires, d’où un taux élevé d’infections vaginales», explique la directrice de cette association.

Douce Namwezi N’Ibamba combine les identités de sa mère Claudine Namwezi et son père Lambert N’Ibamba. Le nom étant un présage, les blouses blanches de ces deux infirmierslui inspirent l’hygiène. Les pères jésuites lui inculquent qu’elle compte dans la société. Le Carrefour des enfants du Congo (Careco) lui apprend les joutes parlementaires. L’Université officielle de Bukavu (Uob) lui enseigne l’analyse des contextes. Mama Radio lui donne le micro. Elle dirige l’Association des femmes des médias (Afem).

La cerise sur le gâteau, elle épouse Me Placide Nyenyezi Ntole, un avocat près la cour d’appel de Bukavu. Cette jeune dame n’est pas encore celle qu’elle doit être dans et pour la société. Elle rêve davantage pour la promotion des droits des femmes et l’accès des dames aux soins de la santé de la reproduction !

Dieudonné Malekera

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