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Un jeune étudiant slame ses vers rimés et rythmés dans une musique cadencée pour plaider la cause des marginaux de la société. Les consciences doivent être remises à jour pour asperger le 21ème siècle des idées innovatrices.

Hervé Mushagalusa alias Mérou Mégaphone est membre de l’atelier de l’art de la parole et de l’écriture de l’Institut français de Bukavu, la pépinière des talents locaux. Souvent silencieux et parfois timide en dehors de la scène, Il se lance, en 2014, d’une manière imprévisible dans la monde du slam pour y noyer, selon lui, son inspiration dans une poésie toute fine. Ce jeune étudiant clame être d’une génération qu’il qualifie de consciente. Il s’impose, avec ses 1 mètre 69 centimètres, sur les planches de la ville.

«C’est par le biais du cours de français que je vais me plonger dans la quintessence de la littérature et trouver ou raviver même ma flamme aux arts oratoires alors que j’étais encore en 4ème année des humanités. Pour le slam, c’est grâce à l’expertise de Grand Corps Malade et la lucidité de Souleymane Diamanka que je vais acquiescer de me baigner dans cet océan », affirme cet artiste avec un accent poétique. Ses textes plaident généralement la cause des marginaux de la société à travers des vers fins qu’il ne cesse de fignoler de manière à captiver l’attention de plus d’un spectateur. Ils se caractérisent par l’adoption d’une philosophie humaniste et la définition d’un ensemble de valeurs et de critères qui dessinent un idéal s’incarnant dans l’honnête homme.

Mérou Mégaphone s’inscrit ainsi dans la logique de la renaissance en vue d’opérer une mise à jour des consciences pour créer un 21ème siècle aspergé d’idées innovatrices. Pour lui, le slam est tout d’abord une poésie démocratique qui permet d’émettre ses idées grâce à une expression narrative, rimée et rythmée à partir de la cadence musicale des vers.
« Je m’inspire des poètes et des slameurs internationaux qui travaillent bien. Je vois la véhémence de Grand Corps Malade ainsi que la lucidité et la grandiloquence de Capitaine Alexandre. Je m’inspire aussi des poètes et slameurs locaux comme Musaba Proust, ParDieu M’, Élie Bal’s, Raphael, Roland Manful … », révèle-t-il.

Hervé Mushagalusa s’avère un rat des bibliothèques. Il affirme être friand de la littérature africaine et il débriefe avec œil intéressé les faits communautaires. Il adule le speech de Barack Obama et avoue faire très souvent allusion à la femme dans ses textes. « Je cherche à plaider pour elle parce que ma société la déconsidère et la maltraite souvent », explique, sur un ton sérieux et sarcastique, ce jeune slameur qui se libère, au fil du temps, de son angoisse et sa frousse pour devenir un vrai mégaphone et son gros haut-parleur au service de la communauté.

Tout compte fait, la naissance de Hervé Mushagalusa Namegabe alias Mérou Mégaphone porte un message. Il est né le 21 juin 1996 à Bukavu, la date de la célébration de journée mondiale de la musique. Ce poète slameur est l’aîné de sept enfants nés du lit de Namegabe Zihalirwa et Charlotte Mujijima. Il adore les plats des pommes de terre et des poissons.

• Egide Kitumaini

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