Ces derniers temps, la qualité et la quantité de l’assistance humanitaire que les ONG offrent aux déplacés
internes à Uvira font polémique. Ce qui est aberrant, en cette affaire, est qu’il y a des organisations qui violent gravement leurs obligations humanitaires. La qualité des services de leurs personnels est jugée très insatisfaisant, qualifiée de mascarade tant par les déplacés, que par la population et les autorités locales. « Ils font de l’assistance
humanitaire une affaire. Ils font semblant de nous assister, mais tout est clair, ils ont conçu ces projets pour se servir eux-mêmes. » C’est en ces termes que les déplacés n’ont de cesse de s’indigner face à cette situation.
Tout un système aux fins de « détourner » l’aide Comment ces manoeuvres de « détournement » de l’aide ontelles
lieu ? Généralement, deux démarches sont pratiquées. La première consistant à jouer sur les listes et sur la procédure de distribution des jetons. En amont, l’organisation intervenante tripote les listes des déplacés bénéficiaires en y introduisant une multitude de personnes non-concernées, des noms fictifs. Le jour de la remise de jetons ou de coupons donnant accès à cette aide, l’on s’arrangerait pour que l’information ne parvienne pas à tous les concernés. Ainsi, le jour de distribution de l’assistance, plus de la moitié des kits ne trouvent pas de bénéficiaires parce qu’il ne
s’agirait que de noms fictifs introduits intentionnellement sur les listes. Il s’agit là d’une manière dont certaines organisations humanitaires se servent à Uvira.
La deuxième procédure consiste au tripatouillage de ces listes et en l’organisation de séances biaisées de remise de coupons ayant valeur pécuniaire, permettant l’achat d’articles exposés à la foire normalement organisée en vue
de l’assistance. De plus, il y a un élément nouveau. L’organisation intervenante coopère avec les commerçants
qui exposent leurs marchandises à la foire en prenant des conventions, ce qui permet, des deux côtés, de bénéficier de l’opération retour. Sur ce, les commerçants concernés imposent des prix exorbitants aux déplacés internes
bénéficiaires. Ces derniers n’ont pas de choix. Ils ne doivent acheter que là. Car, hélas, leurs coupons n’ont aucune valeur en dehors de la foire. « Dans ces conditions, pouvons-nous considérer que nous sommes vraiment assistés ? Il
s’agit de mises en scène organisées par ces ONG pour parvenir à se servir sur le dos des déplacés que nous sommes. Dans ces cas, par exemple, un matelas qui coûte 15 $Us sur le marché nous est vendu obligatoirement à 30 $Us à l’occasion de la foire qui est sensée nous assister. C’est répugnant et révoltant ! », se plaint une déplacée.
C’est une violation des principes humanitaires Dans tous ces deux cas, l’obligation d’assurance d’accès significatif
n’est pas respectée par l’organisation.
Soit, cette dernière n’organise pas de mécanisme de gestion des réclamations et des plaintes ; soit, elle organise un mécanisme de gestion des réclamations et des plaintes délibérément défaillant pour couvrir toutes les manigances
commises. « Les agents de Norwegian Refugee Council (Nrc) qui identifiaient les déplacés internes et organisaient une foire de distribution dans les Moyens-Plateaux [Ndlr : d’Uvira] avaient manifesté un comportement étrange. Ils injuriaient les gens ; ils les traitaient de pygmées qui n’ont pas le droit de réclamer ; ils identifiaient qui ils
voulaient, etc. Ils ont produit des listes fantaisistes, ce qui a fait que la population locale et les organisations
locales se sont insurgées contre cette crise de professionnalisme et d’éthique humanitaire.
C’est ainsi que lors de la foire de distribution, ils ont subi ce qui leur est arrivé ! La population les a farouchement
chassés. Ils ont failli y être lynchés, puis qu’ils ne voulaient écouter personne. Ils ont été simplement victimes de leur plan machiavélique », rappelle le coordinateur d’une organisation locale qui a requis l’anonymat. De tels cas
sont fréquemment décriés ça et là à Uvira, comme à Fizi.
La Rédaction