Le processus électoral en Rd Congo est une occasion favorable à la femme congolaise pour que celle-ci
s’implique en vue de son élection massive, et surtout qu’elle étudie les stratégies à même de l’aider à bénéficier d’un nombre important de votes. C’est dans ce cadre, que le Caucus des femmes congolaises du Sud-Kivu pour la paix a capacité les femmes leaders en vue de leur implication pour la réussite du processus électoral au Sud-Kivu.
Organisé par le journal Le Souverain Libre, avec le financement de la Direction du développement et de la coopération, DDC, cette activité s’est tenue à l’Hôtel Belvédère, sur avenue Patrice Emery Lumumba, en commune d’Ibanda. L’intervenante du jour, Alice W’Iragi, Animatrice du Caucus des femmes congolaises, a dirigé son exposé
sur la manière dont la Congolaise doit s’engager, ainsi que les astuces dont elle peut se servir en vue de rafler le maximum de voix lors des prochaines élections.
Dans son préambule, Mme W’Iragi a rappelé que la crise politique ayant secoué la Rd Congo n’avait pas épargné la province du Sud-Kivu. Pour se tirer d’affaire, les hommes de cette entité ont fait du tapage en oubliant d’associer à
leur démarche la gente féminine, at-elle noté. Ainsi, les compétences politiques des femmes n’ont pas été prises en compte, en dépit de l’intensité des efforts fournis par nombre d’organisations locales, nationales et internationales pour élever la femme jusque vers le niveau qui doit véritablement être le sien. Il y a en effet un grand écart qui
figure encore entre l’homme et la femme. Cette distance demande à être combattue pour atteindre cet équilibre genre longtemps recherché. Les résultats des précédents scrutins n’ont pas permis d’atteindre le pourcentage escompté de représentativité des femmes tant au niveau provincial, que national, a insisté Mme Alice. A ce sujet, sept éléments de jugement entrent en jeu : la déclaration universelle des droits de l’homme, un puissant outil au
service la lutte contre les violences des droits humains ; la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies sur la femme, la paix et la sécurité ; la Convention sur l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard de la femme (CEDF) ; la constitution de notre pays, en son article 14 ; le code de la famille de 1987, tel que modifié
et complété par loi N° 16/008 du 15 juillet 2016, ainsi que la loi électorale elle-même, en son article 13, qui prévoit la représentativité des femmes sur les listes des candidats de différents partis politiques.
Une faible représentativité de la femme
Le contexte de l’élection des hommes n’a pas été le même que celui de la femme, au vu des pesanteurs
culturelles, sociales et économiques. On constate que l’homme était en avance, comparativement à la femme, et il ne restait qu’à se demander, si l’homme devait se préparer une année durant, combien d’années en faudrait-il pour
la femme ? Certaines raisons sont évoquées par l’animatrice du Caucus. Parmi elles, la balle est lancée vers les partis politiques, qui ne se sont pas donné la peine de préparer les femmes à affronter des échéances électorales. Elles
ont par contre servi de pont, tandis que le privilège était consacré aux hommes. Ainsi, beaucoup de femmes ne s’étaient pas intéressées à la politique, la considérant comme une affaire d’hommes. Et malgré cela, celles qui se sont
quand même prononcées n’ont pas bénéficié du soutien de leurs pairs hommes et femmes : pour eux, la femme ne devait pas être impliquée en politique. Les électeurs étant, quant à eux, séduits par le matériel, les femmes n’ont pas réussi à les convaincre, en raison de leurs faibles moyens financiers pour battre campagne. Et c’est ce qui fait qu’elles n’ont pas joui d’espace d’expression pour faire connaître leurs projets de société.
Les stratégies
Les stratégies pour élire les femmes ont été montées par beaucoup d’acteurs qui prônent la parité, spécialement des associations, a stipulé Mme W’Iragi. De ce fait, parmi les méthodes, la mobilisation des femmes en vue de leur
adhésion à des partis politiques, en vue d’un contact régulier avec leurs bases ou électorats, et pour qu’elles puisent postuler massivement, n’ont pas été efficaces. Une autre concerne le renforcement des capacités de leadership politique des femmes, ainsi qu’une mobilisation communautaire aux fins de leur élection. Un élément s’oriente
vers le renforcement des capacités des femmes sur différentes thématiques qui les prépareraient à affronter les élections avec succès : comment élaborer un contrat social avec les électeurs, comment mener campagne, etc. Or, les femmes devaient pouvoir profiter de la campagne électorale pour sensibiliser sur la machine à voter ; elles devaient être à même de s’assurer que leur électorat a une idée sur l’usage de cette machine. Toujours dans le chapitre des dispositions, les femmes devaient éviter de mener des contre-campagnes d’autres candidats de leur même circonscription. Il leur fallait au contraire pouvoir parvenir à se faire accepter, tout en jouant leur jeu dans la même circonscription et le même parti politique que certains candidats masculins. Deux autres éléments intéressants concernent leur capacité à inventorier les medias qui animent des émissions et autres débats politiques sur les femmes pour pouvoir arriver à se faire inviter. Enfin, le genre féminin est peu encouragé à se tailler des postes
de responsabilité au sein de partis politiques. Cette activité s’est tenue du 22 au 24 novembre derniers, car elle était
indispensable, en vue de conscientiser les femmes congolaises sur ce rôle qu’elles sont appelées à jouer dans le processus électoral. Puis qu’on se rend parfaitement compte que sans leur implication, en effet, on comprend bien qu’à ce rythme, la femme restera à jouer les remorques, ou à servir de pont, en dépit de toutes les dispositions
légales lui entrouvrant des portes qu’elles semble se refuser à franchir. Cela ne transpire pas le respect de l’égal de la femme, en Rd Congo. Plus de dix ans après la promulgation de la Constitution de la République, cela est pour le moins pitoyable, tout de même !
Anne Mushigo