A Bukavu, des pécheurs oeuvrant sur les lacs Kivu et Tanganyika ont manifesté leur soutien au candidat du Front commun pour le Congo, Fcc, a coup de mardi 30 octobre. Ces manifestants ont été dispersés par l’usage de gaz lacrymogènes, par des éléments de la police qui entendaient plutôt éparpiller des militants du mouvement citoyen ‘‘Lutte pour le changement’’ (Lucha).
C’était lors d’une marche organisée par l’entreprise de pêche «Kitagira Tangwe», qui oeuvre dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu.
Dans son adresse de circonstance, Yvette Kanyeere, responsable de cette entreprise, à noté que la tenue de cette marche explique la détermination de son organisation à accompagner Emmanuel Shadary pour la présidentielle du 23 décembre avec utilisation de la machine à voter. Au cours de cette manifestation, les organisateurs ont par ailleurs demandé au numéro un de la province de se
préoccuper du développement de la pêche dans le Sud-Kivu et, pourquoi pas, d’envisager l’industrialisation du secteur. Cette marche, qui a chuté au gouvernorat de province, à La Botte, avait débuté par la place Mulamba, pour passer par l’avenue Patrice Emery Lumumba.
C’est en présence de son vice-gouverneur, Hilaire Kasusa Kikobya, que ces manifestants ont remis leur mémorandum au gouverneur de province, Claude Nyamugabo.
Parmi les manifestants, des partis politiques de la Mp
Signalons que la présence de partis politiques de la majorité présidentielle et d’associations de soutien à la candidature d’Emmanuel Ramazani Shadary a pu être relevée, à l’occasion de cette marche. Plusieurs emblèmes de partis politiques ont été remarqués,
qui accompagnaient les manifestants, souligne Yvette Kanyeere, organisatrice de la manifestation. Cette situation a suscité un tollé général au sein de la presse à Bukavu, ainsi que dans le chef des habitants de l’entité. Plusieurs medias locaux ont relevé que cette marche avait plutôt été organisée par les animateurs du «Fcc», plateforme électorale soutenant la candidature d’Emmanuel Ramazani Shadary.
Peu avant cela, la cellule de communication du gouvernorat de province avait été la première à semer la confusion, à travers un message qu’elle avait fait circuler via les réseaux, notamment WhatsApp. Informant les habitants de Bukavu que le Front commun pour le Congo (Fcc) organisait une manifestation de soutien à Emmanuel Shadary, alors que c’était l’entreprise «Kitagira Tangwe» qui initiait la manifestation. A 56 jours des élections du 23 décembre, chaque parti ou regroupement politique de l’opposition, comme du pouvoir, cherche un positionnement politique. Chacun d’entre eux est en quête du pouvoir. Tous prétendent parler au nom de la population.
Ils se transforment en porteparoles des électeurs, alors que c’est le rôle de la société civile que les assoiffés du pouvoir s’attribuent. Voilà
pourquoi l’on a pu observer certaines autorités locales au cours de cette manifestation initiée par les pêcheurs oeuvrant sur les lacs Kivu et Tanganyika. Contacté à ce sujet, un étudiant en Sciences politiques à l’Université officielle de Bukavu indique que les partisans
des partis au pouvoir sont en quête de popularité. Voilà pourquoi ils se livrent à ce combat contre l’opposition, en quête de popularité. C’est pourquoi vous constaterez avec moi, qu’à chaque manifestation initiée de l’un des partisans de Shadary, tous les partis du pouvoir s’y joignent. Une manifestation sous gaz lacrymogènes C’était la cacophonie générale, dans le chef de la Police nationale congolaise
(Pnc), mais aussi du côté des manifestants pro-Shadary, pendant que les pêcheurs manifestant se dirigeaient vers le cabinet du gouverneur de province.
La police a ouvert le feu contre les militants de la Lucha qui, eux aussi, avaient organisé un sit-in au bureau du numéro un de la province pour exiger le retrait de la machine à voter. Plusieurs interpellations ont eu lieu, au sein du mouvement citoyen, aux alentours de 10h00’. La police a également fait exploser des grenades lacrymogènes pour disperser les membres de la Lucha, et ainsi céder le passage
aux pro-Shadary. Ces derniers n’ont pas pu le supporter, et ont aussi pris la fuite pour se mettre à l’abri des gaz. Ne sachant pas de quoi il s’agissait, certains manifestants mécontents n’ont pas abouti au bout de la marche. Un des pêcheurs, se confiait à un reporter de votre journal : « Je ne sais pas ce qui arrive à la police. Nous sommes en train d’exprimer notre soutien à Shadary, candidat du Fcc
qui est favorable à la majorité au pouvoir, et même au gouverneur Claude Nyamugabo, du Pprd, mais la police nous poursuit avec des gaz. » Cette confusion n’a pas duré longtemps. Il a fallu une dizaine de minutes pour que la situation se rétablisse. La police
et quelques agents du gouvernement provincial présents se sont précipités pour informer les manifestants qui soutiennent Shadary, d’avancer vers le cabinet du gouverneur, car le gaz lacrymogène tiré ne leur était pas destiné, mais visait plutôt les manifestants
de la Lucha. Des dispositions constitutionnelles Un autre manifestant a fait savoir que ce n’était pas une bonne décision, que de disperser les manifestations. Car la manifestation est un droit garanti par la constitution. La constitution congolaise, en son article 26, stipule que la liberté de manifestation est garantie. Toute manifestation sur les voies publiques ou en plein air exige des organisateurs d’en informer par
écrit l’autorité administrative compétente. Nul ne peut être contraint à prendre part à une manifestation. La loi en fixe les mesures d’application. Qu’elle soit de l’opposition ou du pouvoir, les agents de l’ordre ont tout intérêt à encadrer la manifestation. Les
hommes au pouvoir doivent admettre leurs faiblesses. La persistance et la multiplication des manifestations signifient l’existence de problèmes.
Christian Kika