Des femmes n’en reviennent pas ! Avoir un mari en prison, et en plus, qui est malade, désespéré, jamais jugé et condamné à mourir, ne peut qu’accroître le taux du sucre chez l’épouse. En effet, endurer pareille épreuve, pour une femme démunie, sans espoir, relève d’une torture douce et d’une condamnation si pas damnation, la femme de ce nouveau condamné est ainsi hors-jeu ….Une souffrance qui n’est pas loin de s’estomper au Sud-Kivu. Et pourquoi ? Le numéro un de la province, un homme de droit de surcroît, naviguerait-il
entre justice et injustice ? Ne serait-ce pas là jouer sur le terrain de l’incohérence ?
La confirmation du fait mettrait la province en mauvaise situation, puisque cette dernière ferait poser sur le pays la menace d’un classement négatif dans le concert des nations pour ce qui est de la considération, mettant à mal la situation des droits humains. Telle affirmation ne relève pas du délit de presse, loin de là. Un analphabète, même, s’en rendrait aisément compte.
Combien compte-t-on de décès relevant pratiquement du meurtre, à Kabare ? Comment peut-on expliquer que les centres pénitentiaires ne reçoivent pas de moyens pour nourrir leurs pensionnaires, que les prisonniers meurent littéralement de faim ou d’absence notoire de soins médicaux, ainsi que toutes ces évasions que même un gosse de maternelle aurait aisément pu empêcher ?
En prison, au Sud-Kivu, on peut mourir d’un banal rhume. Et comment peut-on justifier que le gouvernement d’une entité de l’importance d’une province ne dispose pas de ministre de la Justice, ou du Travail, pour n’évoquer que cela ? Que les services de sécurité provinciaux ne soient utilisés qu’aux fins de disperser des manifestations pacifiques qui sont organisées dans les limites de la légalité leur reconnue
par la constitution, mère des lois, et la déclaration universelle des droits de l’homme ? En tous les cas, ils se sont récemment mordus les doigts, ceux qui ordonnent de telles descentes, lorsque, désirant éparpiller des activistes d’un mouvement citoyen qui manifestait légalement, ont plutôt mis en débandade leurs propres partisans ! Ça leur apprendra à bien décider, dans tous les cas.
Toujours, est-il que par le fait de dirigeants illogiques placés à la tête d’importantes entités, on place l’Etat en mauvaise position sur le plan de l’évaluation des Etats de la planète. Voudrait-on que, pour satisfaire les intérêts personnels de l’un ou de l’autre, on place la République démocratique du Congo au même plan que beaucoup d’autres pays d’Europe de l’Est, pour prendre un exemple ?
A terme, que reprocherait-on, finalement, à Mobutu ?
Nous évitons de verser dans les détails, mais ce qu’on lui avait reproché pendant les travaux de la Conférence nationale souveraine, on espérait que la chute du maréchal nous en aurait libérés. Mais n’en voit-on pas aujourd’hui le double, si pas dix fois mieux ? Et le Sud-Kivu
en a sérieusement fait l’amère expérience. Chaque fois que l’on voit partir un gouverneur, on applaudit celui qui fera pire que le précédent. Triste situation…
Or, c’est du Sud-Kivu que partent les mouvements de libération. Mais comment explique-ton donc que c’est toujours dans cette province
que l’on souffre le plus ? Insécurité permanente, improductivité, défaut d’infrastructures, services élémentaires déficients. Au Sud-Kivu, on
joue hors des limites du terrain. Ce n’est plus du jeu, c’est du non-jeu. Trop, c’est trop ! On doit finir par tenir effectivement compte de ce qu’il n’y a pas d’Etat sans justice. Et que la justice, ce n’est pas seulement dans les tribunaux et autres, dans les centres de détention, etc., mais c’est aussi dans l’assiette du citoyen, dans le bien-être de sa famille, et dans tout ce qui concourt à son bonheur. Il nous faut finalement arriver à vivre mieux… Sans cela, acceptez, chers dirigeants, que vous êtes hors-jeu !
Rédaction