Si rien n’est fait jusque vendredi 19 avril soit 48 heures après, les habitants victimes de démolitions de Mbobero vont réoccuper chacun sa parcelle. Il est inconcevable estiment-ils de continuer à vivre dehors alors que leurs parcelles restent bloquées illégalement. Ils ont pris cette décision ce 17 avril.
Les habitants de Mbobero veulent montrer à la face du monde quelle vie ils mènent depuis 2016. C’est depuis 5h30, ce matin, que femmes, hommes, enfants, jeunes filles et jeunes garçons sont en sit-in à l’entrée principale de la ville de Bukavu à Kazingo.
Une souffrance manifeste sur leurs visages, bravant les intempéries, ces manifestants scandent des chants réclamant d’être remis dans leur droit. A 11h30, dépôt d’un mémorandum à l’assemblée provinciale. De Kazingo à Nyamoma, à pieds, les anciens habitants de cette partie de Kabare sont arrivés à Bukavu. Ici, leur mémo est lu avant d’être remis entre les mains du rapporteur de cette institution qui va le remettre au Gouverneur.
JOSEPH ZAHINDA, le président du comité des victimes de démolitions de Mbobero en ces mots: « L’ancien président de la République a pris ce champ sans procès et nous y entreront aussi sans procès. N’oubliez pas que les gens de Kingakati sont dans leurs champs, à Goma comme ailleurs. Une fois rentrés dans nos champs respectifs, nous réclamons qu’il construise notre hôpital moderne qu’il a détruit parce que la santé est d’une importance capitale chez nous, qu’il reconstruise nos maisons, qu’il rétablisse l’électricité et l’eau .Nous voulons aussi la sécurité. Nous refusons la présence de ces soi-disant gardes républicains chez nous. Il faut qu’ils partent car ils tuent les gens. Ils avaient tiré à bout portant sur CEDRIC BASHIMBE , chose qui a causé son décès. »
Madame JOSIANE BAGALWA, une manifestante se dit être consternée par la vie qu’elle mène à Mbobero. « Vaut mieux mourir debout que vivre à genoux » glisse-t-elle. Pour BAGALWA, elle est morte symboliquement en 2016, raison pour laquelle aujourd’hui elle n’a pas peur de mourir réellement pour son droit.
« Nous allons installer des bâches à Mbobero et y rester. Ces terres nous appartiennent. Il y a quatre cents familles qui sont entrain de souffrir dans la brousse, nous sommes déjà tués, il n’y a plus rien à craindre. Nous sommes sûrs et certains que dans quarante-huit heures, nous allons occuper les terres de nos ancêtres à Mbobero. »
Les manifestants disent n’avoir jamais contesté le fait que Monsieur Kabila détienne un terrain à Mbobero, mais ils réclament que leurs parcelles soient détachées du domaine de Joseph Kabila Kabange.
Mbobero a connu une destruction violente de ses maisons en 2016, parmi lesquelles, un hôpital et des églises. Aujourd’hui, des centaines des familles vivent dans la rue et nombreux enfants ne vont plus à l’école suite aux conditions sociales que traversent leurs parents.
- Ishara MASIRIKA